La Civilisation Indus-Sarasvatî | 15/04/2021 |
Cette plaine est bordée par plusieurs chaînes montagneuses : les monts du Baloutchistan à l'ouest, l'Hindou Kouch et le Karakorum au nord-ouest, l'Himalaya au nord-est, où prennent leur sources les cours d'eau sus-nommés, et au sud-est les Aravalli. À l'Est s'étend le désert du Cholistan/désert du Thar, en partie l'ancienne plaine du Saraswati/Ghaggar-Hakra, et aussi pour sa partie orientale la zone de partage (interfluve) entre les bassins versants de l'Indus et du Gange. Au sud-est se trouve la zone littorale du Gujarat, avec la péninsule de Kutch, une vaste île à l'époque harappéenne et celle du Saurashtra (ou Kathiawar), zone d'expansion majeure de la civilisation de l'Indus. La région côtière occidentale le long de la mer d'Arabie, le Makran, est plus aride et a moins été occupée en dehors de quelques sites.
Il est certain que des populations se sont concentrées le long des sept rivières (sapta saindhava) de cette région : le Gange, la Yamunâ, la Sarasvati, l’Indus, la Godâvarî, la Narmadâ et la Kâverî. À ce sujet ce n'est pas un hasard si l'eau joue un rôle purificateur dans l'hindouisme, notamment avec les bains et les ablutions.
Les données les plus connues proviennent des fouilles des sites d’Harappa et Mohenjo-daro qui se trouvent au Pakistan actuel. Mais l’Inde étant devenu un pays riche et puissant, de nouvelles fouilles archéologiques ont été entreprises. Des prospections archéologiques sont conduites entre autre au Gujarat et dans le désert du Cholistan. Plus à l'ouest, la mise au jour de sites situés sur les voies terrestres traversant le plateau Iranien et maritimes sur les rives du golfe Persique ont mise en lumière l'existence de réseaux d'échanges à longue distance à l'ère harappéenne. De nouvelles fouilles font ainsi remonter des données qui viennent enrichir encore aujourd’hui l’histoire de cette civilisation.
Les premières traces sont datées de 7000 à 5000 ans avant notre ère, il s’agit d’une ère néolithique avec un début de production de nourriture à partir des hautes terres du Baloutchistan : début de l'agriculture et de l'élevage, céramique à la fin de la période. A suivi un développement des centres urbains pour trouver une apogée dans la période de 2600 à 1900 ans avec notre ère : expansion de l'agriculture et des villages dans l'Indus, période urbaine, développement de la céramique et d'autres artefacts.
Si les historiens s’accordent à peu près sur les dates et la chronologie du développement de cette civilisation, ils s’opposent quant à la paternité des Védas et plus généralement de l’origine de la civilisation aryenne. D’un point de vue ethnique, il y a bien plusieurs populations co-existantes en Inde avec des morphotypes distincts. Schématiquement dans le Nord la population présente des traits proches des européens avec un teint de peau plutôt clair. On parle de peuplement d’origine aryenne. Dans le Sud, la population présente des traits proches des africains ou des aborigènes d’Australie avec un teint de peau plutôt foncé. On parle alors de peuplement d’origine dravidienne.
La rivière Sarasvatî
Certains historiens pensent que ce sont les Aryens qui ont apporté le sanskrit, qui ont écrit les Védas et qui ont été à l’origine de ce que nous appelons communément l’Hindouisme. Ces peuples aryens seraient venus peupler l’Inde depuis des contrées d’Europe centrale, du Caucase ou d’une région proche de la mer d’Aral. Ainsi l’ère védique serait apparue en Inde avec l’apport d’une immigration étrangère et d’origine européenne. Mais à ce jour, aucun fait historique ne vient réellement étayer cette thèse. Elle est d’autant plus suspecte qu’elle provient de savants et chercheurs occidentaux qui ont projeté leurs préjugés de supériorité sur les civilisations réputées archaïques de l’Asie. De plus, le terme Aryas qui signifie « noble » a connu une dérive raciale avec la présupposée supériorité de la race aryenne sur les autres peuplements de l’Orient.
D’autres soutiennent une thèse différente en relation avec la disparition de la rivière Sarasvatî. En effet le Rig Veda daté d’environ 1500 ans avec notre ère mentionne l’existence de cette rivière comme étant la plus belle et la plus puissante des sept rivières. Des chercheurs ont retracés l’ancien lit de la Sarasvatî depuis une cartographie prise par satellite. Il ne fait aucun doute que cette rivière ait existé. Il est probable que cette rivière se soit asséchée à la suite de plusieurs évènements. Vers 2000 avant notre ère, des séismes ont soulevé les plaques tectoniques et la Sarasvatî a perdu deux affluents, la Sutlej, captée par l’Indus, et la Yamunâ, captée par le Gange. Son débit s'est réduit, et elle a fini par disparaître dans les sables du désert de Thar au Rajasthan, au lieudit Vinâshana, « destruction », où elle est réputée être devenue souterraine et invisible. Cette rivière s’est asséchée également à cause de changement climatique et du régime des pluies.
De plus il est prouvé, par des fouilles archéologiques, qu’il y avait une grande concentration de population sur les rives de cette rivière. Il y a donc eu forcément un grand déplacement de population et une migration vers d’autres régions de l’Inde et encore au-delà. À cela il faut ajouter que cette civilisation a prospéré sur de longues périodes sans qu’il n’y ait traces de fabrication importantes d’armes ni de guerres. Les fouilles archéologiques ont montré l’existence de ville bien organisée avec un quadrillage de rues bien dessinées. Cette civilisation a donc engendré une population très importante ayant une vie sociale apaisée.
Out of India theory
C’est ainsi que suite à l’assèchement de la Sarasvatî, une partie de cette population a émigré eu Iran, en Bactriane, en Asie Mineure, en Cappadoce, où ces populations donnèrent naissance aux branches Iranienne, Hittite, Anatolienne, Hurrite ; puis d'autres encore se répandirent en Europe Centrale, Septentrionale et Occidentale, jusqu'à atteindre au Nord, les rives de la Mer Baltique, au Centre les côtes de la Méditerranée, puis à l'Ouest celles de l'Océan Atlantique, donnant naissance aux branches Thrace, Scythe, Grecque, Italique, Celte, Germanique, Slave et Balte, c'est-à-dire aux autres branches Indo-européennes, C'est la théorie de l'origine indienne, appelée « Out of India theory ».
Cette émigration vers l’Europe occidentale ont créées des routes commerciales et ont donc exportés la langue sanskrite ce qui est certainement l’explication de la présence de nombreuses racines sanskrites dans les langues Indo-Européennes. En Français, nous avons par exemple denta=dent, nasa=nez, pada=pied, kapa=capitale, le crâne, nava=la barque, navale, navire, mṛtyor=mort, agni=igné, feu, dvi=duel, tri=trois, sapta=sept, etc.. Il en est ainsi de nombreuses langues aussi bien latines, qu’anglo-saxonnes.
Le système de conjugaison en français de certains verbes provient également de la conjugaison du sanskrit. Nous devons clairement au sanskrit l’ajout terminale du ‘s’ à la deuxième personne du singulier, ainsi que le ‘t’ à la troisième personne du singulier, le ‘m’ à la première personne du pluriel et le ‘nt’ à la troisième personne du pluriel. Tout cela est passé successivement du sanskrit au latin et du latin au français.
Si l’on prend par exemple la racine du mot yoga, il provient du radical YUJ, qui a donné en Indo-Européen JUG ou YUG. On retrouve ce mot en latin jugum, et en français joug. En sanskrit, le mot yugya désigne un attelage au complet, avec les chevaux ou les bœufs et le chariot. Ainsi le yoga donne l’idée de joindre, de relier, d’atteler. Mais quel est la nature de ce lien ? Le yoga a pour but de relier l’individu et l’univers, le particulier et l’universel, le relatif et l’absolu. Selon le yoga, lorsque vous vous connaissez vous-même intimement, vous connaissez les lois qui régissent tout l’Univers. Par cette même logique les sages ont compris que chaque partie de la Nature garde la connaissance du Tout, et que l’individu se trouve ainsi relier à tout l’Univers.
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