Une histoire traditionnelle | 12/05/2014 |
Une histoire traditionnelle racontée par Ma Anandamayi
rapportée par Yann et Anne-Marie Le Boucher
Il était une fois un grand roi qui traversait une période de crise spirituelle aiguë : malgré tous ses efforts, sa quête intérieure n'avait abouti qu'à une série de doutes qui s'étaient cristallisés autour de quatre questions.
N'ayant réussi à rencontrer Dieu ni dans les temples, ni dans les lieux de pèlerinage, ni même auprès des sages qu'il avait pu approcher, le roi s'interrogeait : "Dieu existe-t-il vraiment ? et si oui, où diable peut-on Le rencontrer ?"
Voyant que les offrandes de nourriture qu'il faisait régulièrement au temple n'étaient jamais consommées par les statues des Divinités mais finissaient toujours dans l'estomac des humains sous forme de prasad, il se demandait : "Dieu se nourrit-il vraiment ? et si oui, que mange-t-ll ?
Les livres qu'il avait lus pour tenter de comprendre d'où venait le monde parlaient de la lîla de Dieu. Mais si le monde était le produit d'un jeu divin, qu'est-ce qui pouvait bien faire rire Dieu dans ce jeu ?
Enfin, devant l'inéluctabilité de la loi de cause à effet qu'il voyait partout à l'oeuvre, le roi doutait de plus en plus de l'omnipotence divine : "Face au karma. Dieu est-Il vraiment tout-puissant ?"
De plus en plus tourmenté par ces questions qui restaient sans réponses, le roi eut un jour une idée. Il fit annoncer dans tout son royaume qu'il récompenserait d'une forte somme d'argent celui qui pourrait fournir une réponse satisfaisante à ses quatre questions. À cette nouvelle, tous les savants et les lettrés de la contrée se mirent à réfléchir activement dans l'espoir de gagner la récompense. Mais aucune des réponses qu'ils proposèrent ne put satisfaire le roi. Le temps passa. Alors que se développaient dans tout le pays d'interminables discussions autour de ces quatre questions, le roi devenait de plus en plus perplexe quant à la chance qu'il avait de rencontrer un jour quelqu'un capable de mettre un terme à sa crise spirituelle.
Un jour, cependant, quelques mots d'une de ces conversations entre érudits vinrent aux oreilles d'un paysan illettré. Il demanda aux interlocuteurs la raison de leur ardeur oratoire. Mais ceux-ci se mirent à rire, lui rétorquant qu'il ne serait d'aucune utilité pour lui de la connaître. Cependant, sur son insistance, ils finirent par lui faire part des quatre questions du roi. À leur grande surprise, le paysan se mit à sourire en disant : "II ne s'agit pas là de quelque chose de bien difficile. Conduisez-moi au roi, et je lui fournirai les réponses qu'il désire".
Ses interlocuteurs tentèrent d'abord de l'en dissuader, le supposant un peu simple d'esprit : - Allons, comment pourriez-vous satisfaire le roi sur ces sujets alors que les plus grands lettrés du royaume ont tous échoué !
Mais finalement, l'insistance du paysan à vouloir être conduit au palais eut raison d'eux ; et, la chose s'étant ébruitée, c'est une foule de plus en plus large qui, chemin faisant, s'en alla accompagner notre homme jusqu'au lieu d'audience...
C'était du plus haut comique que de voir ce simple paysan, vêtu de haillons, en présence du roi et de toute sa cour. Le roi sourit à ce qui lui sembla d'abord n'être qu'une plaisanterie. Mais il était juste et intelligent et donna sa chance au paysan.
Devant un parterre bondé d'érudits et de lettrés suspicieux, il posa sa première question :
- Si Dieu existe, où se trouve-t-il donc ? Le paysan, malicieux, répondit simplement:
- Ô roi, faites-moi d'abord savoir où vous êtes certain que Dieu ne se trouve pas !
En entendant cela, le roi se plongea quelques instants dans une intense réflexion, et, tout à coup, l'omniprésence de Dieu lui devint évidente.
Etonné mais satisfait d'une réponse si éclairante, il posa sa deuxième question :
- Puisque Dieu ne touche pas aux offrandes de nourriture qu'on Lui fait dans les temples, est-ce qu'il se nourrit ? Et si oui, que mange-t-il ?
Ce à quoi le paysan répliqua que c'était non pas les offrandes matérielles mais l'ego du donateur qui servait de nourriture à Dieu :
- Ô roi, s'il ne mange pas la totalité de votre ego, soyez certain que vous ne pourrez pas Le réaliser !
De nouveau, en entendant ces mots, l'intelligence du roi s'éveilla et il fut pleinement satisfait. En réponse à la troisième question : Qu'est-ce qui peut bien faire rire Dieu ? Le paysan expliqua :
- Quand, avant de naître, nous sommes confinés dans le sein maternel, nous souffrons de cet emprisonnement et nous nous souvenons alors de toutes les mauvaises actions commises dans nos vies antérieures. Aussi commençons-nous à prier Dieu avec une repentance sincère et profonde pour qu'il nous délivre de cette horrible prison qu'est la matrice, et nous Lui promettons qu'en échange, nous serons désormais des adorateurs pleins de ferveur et pleins de zèle. Mais, aussitôt que nous venons en ce monde, nous nous laissons reprendre au piège de Maya*, et, oubliant toutes nos promesses, nous retombons dans nos vieilles erreurs. C'est pourquoi, à chaque fois qu'un enfant vient au monde, Dieu rit, car II sait combien cet être humain va avoir de mal à tenir la généreuse promesse qu'il Lui a faite avant de naître...
Après cette troisième réponse, le roi devint tout à fait bienveillant à l'égard du paysan, et posa avec déférence sa quatrième question :
- Dieu a-t-il un pouvoir limité par les lois du karma ou bien peut-Il tout faire ? Mais au lieu d'y répondre d'emblée, le paysan annonça :
- 0 roi, il s'agit là d'une question fort délicate et je ne peux la traiter tant que quelque chose de bien particulier n'a pas été accompli.
Le roi, qui était désormais des mieux disposé à l'égard du paysan, acquiesça en disant :
- Je suis prêt à satisfaire votre demande quelle qu'elle soit.
Le paysan lui dit alors :
- Bien ! Dans ce cas ayez donc l'obligeance de quitter votre place et de prendre la mienne, car, pour pouvoir répondre à votre dernière question, il faut que je sois assis sur votre trône ! Pris au piège de sa propre parole, le roi s'exécuta et vint s'asseoir à la place du paysan, alors que ce dernier gravissait les marches du trône, s'y installait, puis entrait dans ce qui semblait être une profonde méditation. Cela apparaissait à tous comme le spectacle le plus incongru qui soit. Aussi le roi rappela bien vite au paysan son devoir :
- Hé ! vous devez donner votre quatrième réponse maintenant !
- Mais je l'ai déjà donnée, rétorqua alors le paysan du haut du trône royal.
- Comment cela ?
- Voyez ce que Dieu a fait ! Si c'est Sa volonté, en un instant, un roi devient un homme ordinaire, et un homme ordinaire devient roi. Puisque Dieu a pu si facilement inverser nos conditions respectives, soyez certain qu'il n'y a aucune limite à Son pouvoir...
Le roi fut comblé dans son attente et la récompense fut acquise au paysan... »
(*) Maya : la puissance cosmique d'illusion.
Cette histoire vous a plu ? Elle est extraite de la brochure « Satsang avec Ma à Nadiad » que Yann et Anne-Marie Le Boucher avaient publié en 1979 après l'un de leurs séjours auprès de Ma Ananda-mayi.
Cette brochure étant épuisée depuis fort longtemps, Yann a eu l'idée de la numériser afin de lui donner une « seconde vie » en la mettant à disposition gratuite des personnes intéressées. Si tel est votre cas faites vous connaître en laissant un message sur son site : http://www.labertais.org/. Il se fera un plaisir de vous faire parvenir un exemplaire de cette brochure au format pdf.
D | L | M | M | J | V | S |
---|---|---|---|---|---|---|
1 |
2 |
3 |
||||
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
11 |
13 |
15 |
16 |
17 |
||
18 |
19 |
20 |
21 |
22 |
23 |
24 |
25 |
26 |
27 |
28 |
29 |
30 |
31 |