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Historique de la Tradition de l'Inde 26/08/2021
La Tradition primordiale se divise historiquement en quatre :
  1. Śruti, Révélation védique, 
  2. Smṛti, Tradition humaine,
  3. Darśana, Les six points de vue de la philosophie classique indienne
  4. Āgama, Nouvelle Révélation et adaptation de la Tradition aux conditions du Kali-Yuga.

I La Shruti


 La Śruti est la Révélation divine originelle. C'est la Parole (vāc) du Créateur Brahmâ, émise à chaque nouvelle aube de la manifestation universelle. C'est par le Verbe, par le Brahman sonore (Shahda-Brahman, émanant du Brahman-Silence), que l'univers a été manifesté ou proféré. Comme dans l'Évangile de Saint Jean : in principio erat verbum, « au commencement était le Verbe », il y a bien une primauté du son sur les autres qualités sensibles.

Shruti veut dire « audition intérieure directe », c'est ce qui a été entendu originellement par les anciens sages (ṛṣi) sous forme poétique et transmis ensuite de maître à disciple; la transmission n'est valide que si elle se fait oralement, directement de bouche à oreille, et si elle est entièrement mémorisée; on ne place aucune confiance dans l'écriture ni dans la connaissance livresque.

 La Shruti est sans commencement (anādi), intemporelle ou perpétuelle (sanātana), sans auteurs humains ou impersonnelle (apauruṣeya), c'est-à-dire supra-individuelle, mais entendue par des poètes visionnaires inspirés,  grâce à leur expérience spirituelle directe (sākṣāt-kāra) elle est éternelle (nitya) et immémoriale, ce qui veut dire qu'elle remonte aux origines de l'humanité ; sa rédaction en langage humain, le sanscrit védique, s'effectue, après le déluge, entre le Ve et IIIe millénaire avant notre ère.

I.1 Les Védas

Le veda ou les védas sont associés à la tradition orale, la Shruti, dans la mesure où les élèves les apprenaient et les récitaient de mémoire. Il s’agit par excellence de la science des anciens, des sages, des rishis qui ont eu la vision juste, l’intuition profonde de la Vérité.

Cette vision a été formalisée sous forme poétique et divisée en quatre. Comme Brahmâ a quatre visages faisant face aux quatre directions, quatre bouches, le Véda est quadruple :

-  Rig-veda : Véda des stances
- Yajur-veda : Véda des formules
- Sâma-veda : Véda des mélodies
- Atharva-veda : Véda des incantations sacrificielles

Ces quatre Védas ont chacun quatre niveaux :

1)   Samhitâ, Recueils
2)   Brâhmana, Applications liturgiques
3)  Âranyaka, traités forestiers
4)  Upanishad doctrines ésotériques

Les samhitâs sont des recueils de forme poétique. Ils comprennent donc des hymnes védiques, des formules sacrificielles, des mélodies et des incantations.

Les brâhmanas sont des traités de liturgie, des textes sacerdotaux. Ils expliquent principalement la bonne exécution des rituels védiques (yajña).

Les âranyakas sont des textes de réflexion.  Ils exposent des explications  cosmologiques, métaphysiques et  contemplatives destinées à l’interprétation des formes symboliques et poétiques des hymnes et des sacrifices.

Les upanishads sont des développements métaphysiques. Ils révèlent la Vérité ultime, le sens profond des textes sacrés, la gnose pure ou connaissance suprême. Elles sont orientées vers la « Libération spirituelle » (mokṣa) par la « réalisation personnelle directe » de la vérité métaphysique.


I.2 L’Upaveda

 Le terme Upaveda « savoir appliqué » est utilisé dans la littérature traditionnelle pour désigner les sujets de certains ouvrages techniques.  Les listes des sujets inclus dans cette classe diffèrent selon les sources. Le Charanavyuha mentionne quatre Upavedas :

Dhanur-veda, la science des armes, tir à l’arc et autres arts martiaux ou art militaire,
se rattachant au Yajur-veda,

- Ayur-veda, la médecine science de la longévité, se rattachant au Rig-veda,

- Gandharva-veda, la musique, se rattachant au Sâma-veda,

- Sthapatya-veda,  l'architecture, se rattachant à l’Atharva-veda.


I.3 Le Vedânga

 Vedāṅga signifie « appendice, discipline annexe du Veda ». On en compte six (vedaṣaḍaṅga) qui composent un ensemble de sciences annexes utiles à l'étude du Quadruple-Veda.

- Ṣikṣā, la prononciation correcte ou phonétique,

- Vyākaraṇa, philologie, sémantique et grammaire,

- Nirukta, l’étymologie,

- Chandas, la prosodie, science de la versification et des mesures poétiques,

- Jyotiṣa, l'astronomie et l'astrologie, pour déterminer les périodes et les moments favorables pour les rituels,

- Kalpa, la liturgie ou science du rituel.


I.4 Les Shrauta-sûtras


Les śrauta-sūtra,  font traditionnellement partie de la Shruti, car ils codifient le sacrifice et tous les rituels védiques sacrés ou solennels.  Nous verrons dans le chapitre suivant que les sûtras font le lien entre la parole révélée la Shruti, et la remémoration écrite la Smriti.

 
II La Smriti

Smṛti vient de la racine sanskrite SMṚ qui signifie « se souvenir », « se remémorer », « se rappeler à l'esprit ». Il s’agit du rappel des Védas, avec la compréhension et l’extrapolation de la connaissance originelle.

 La Smṛti comprend d'abord :

 1 -  Les Smārta-sūtra, « fils conducteurs », aphorismes servant de formules mnémotechniques, le terme sûtra s'applique également à des écrits spéculatifs ou philosophiques rédigés sous forme d'aphorismes avec par exemple les yoga-sūtra de Patañjali.  Par extension, le terme en vient à désigner toutes sortes de traités, grammaires, analyses. C'est le cas par exemple du Kāmasūtra, « Livre de Kâma » ou « Sûtra du désir ».

 2-   Les   Śāstra,   traités   complets,   quasi scientifiques,   qui développent ces sûtras.


II.1 Les Smârta-sûtra

II y a ainsi trois recueils des Smārta-sūtra :

a)      Grihya-sūtra, qui réglementent les rites domestiques, familiaux et les sacrements (saṃskāra) qui ponctuent les étapes et les passages dans la vie des êtres humains. (naissance, mariage ou cérémonie funéraire…)

b)      Śilpa-sūtra, qui à l'origine recensent les techniques de mensurations d'arpentage, et de géométrie nécessaires pour préparer le terrain du sacrifice et construire l'autel de briques, puis « l’art de construire » en général.

c)      Dharma-sūtra, fondements éthiques qui exposent les lois qui doivent gouverner les êtres humains selon leur nature, leur fonction et leur condition, et établissent les normes de la justice ou justesse juridique, sociale et morale.

II.2 Les Shâstra


Sont les traités normatifs exposant en détail toutes les sciences traditionnelles. Ils sont associés aux principales activités humaines :

a)      Śilpa-śāstra  qui sont des manuels de sculpture et d'iconographie hindoue, prescrivant entre autres les proportions d'une figure sculptée, la composition, les principes, la signification, ainsi que les règles de l'architecture. Ils sont basés entre autre  sur la science des yantra, ou diagrammes de figures géométriques s’articulant de façon symétrique autour d’un point central.

b)      Dharma-śāstra  qui sont les codes régissant la société, les lois, les devoirs et les droits de chacun. Ils prennent souvent la forme de traités éthiques comme par exemple Manu-smṛti : Lois de Manu, Yājñavalkya-smṛti, Lois de Yâjnavalkya, Viṣṇu-smṛti : recueil des lois vishnouites, etc.

c)      Artha-śāstra, est un traité de politique, d'économie et de stratégie militaire, par Kautilya. C'est un écrit essentiellement pragmatique, faisant fi de toute considération morale et décrivant la manière de gérer un royaume, tant dans les affaires intérieures que dans la diplomatie vis-à-vis des voisins, alliés ou ennemis.

d)     Kāma-śāstra sont des  traités érotiques. Le plus ancien est le Kāma-sūtra de Vâtsyâyana.

e)      Mokṣa-śāstra traite de la libération de l’âme individuelle selon l'objet du Védânta et des Yoga-shâstra.

f)       Kāvya-śāstra, l'art poétique, est un vaste domaine à lui seul qui préside à toutes les disciplines littéraires, contient une esthétique (théorie des saveurs), ainsi qu'une science de la prosodie (chandas-shâstra)

g)      Niti-śāstra  énumère trente-deux sciences (vidyā) et soixante-quatre arts (kalā). Parmi ces sciences ont été particulièrement développées les mathématiques (ganita), en particulier l'arithmétique (pātî-ganita  ou vyakta-ganita), l'algèbre (bīja-ganita) et la géométrie (rekhā-ganita la symbolique des nombres.

Il y a bien d'autres traités codifiant, formulant et développant toutes les connaissances traditionnelles, comme la science vétérinaire des chevaux, des éléphants, la diplomatie, l’art de disposer ses troupes dans les batailles, etc...
 

II.3 Les Itihâsa

 Alors que les sûtras et les shâstras présentent l’enseignement védique sons une forme normative et didactique, les épopées (Itihāsa) ainsi que les légendes (Purāna), présentent ce même enseignement sous une forme illustrée, narrative et légendaire.

 Le terme Itihāsa désigne plus particulièrement les deux grandes épopées de l'hindouisme, le Mahâbhârata et le Râmâyana. Il est composé en sanskrit de iti (ceci),  ha (en effet, ainsi) et  asa (fut), ce qui peut se traduire par « il en fut ainsi ».

 Le Râmâyana


 Rāmāyana littéralement  « la Geste de Râma », est la plus courte des deux épopées mythologiques de langue sanskrite composées entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère. Constitué de sept chapitres et de 24 000 couplets (48 000 vers), le Râmâyana est, comme le Mahâbhârata, l'un des textes fondamentaux de l'hindouisme et de la mythologie hindoue. Le poème est traditionnellement attribué à l'ermite légendaire Vâlmîki, qui apparaît comme personnage dans les premiers et derniers chapitres, lesquels sont considérés comme des compositions plus récentes que les autres.

 Cette épopée raconte la vie de Râma, prince héritier, incarnation du Dieu protecteur Vishnu, et modèle de la perfection morale.  Son mariage avec la princesse Sîtâ, va connaître de multiples rebondissements avec, entre autre, son exil  dans la jungle suite à des intrigues de palais et l'enlèvement de son épouse par le démon Râvana.

Le Mahâbhârata

Le Mahābhārata est le plus long poème de l’histoire de l’humanité,  il ne comporte pas moins de 250 000 vers répartis en 18 livres, soit quinze fois plus que l'Iliade, généralement partagés en śloka de 32 syllabes chacun, formant deux hémistiches de 16 syllabes, partagés eux-mêmes en deux pada de 8 syllabes. Mais on trouve aussi, en bien moindre quantité, certains passages en prose ou avec d'autres mètres. Une des principales difficultés pour la création d'une édition critique et pour les étudiants consiste en la multiplicité des manuscrits qui ont été conservés, ceux du nord étant en général plus courts, et ceux du sud plus développés.

 Il s’agit littéralement  de « La Grande Guerre des Bhârata », qui raconte la lutte entre deux lignées de cousins, les Kauravas, descendants du frère aîné Dhritarashtra et les Pandavas descendants du frère cadet Pandu. A l’une des apogées de ce récit fleuve, se trouve le discours entre Krishna et Arjuna sur le champ de bataille de Kurukshetra nommé Bhagavad-gîtâ, « le Chant du Bienheureux ».


II.4 Les Purânas


 Purāṇa veut dire : « Traditions du passé », « récits de ce qui est ancien et primordial ». Ces récits étaient préférentiellement destinés à toutes celles et ceux qui n'avaient pas accès aux Védas, comme les femmes et les serviteurs (śūdra). Ils étaient racontés à la cour des Maharajas, dans des assemblées de sages mais aussi à l'occasion des fêtes religieuses.

 Souvent encyclopédiques, les Purânas traitent à la fois des mythes religieux et historiques, des divinités hindoues, des légendes, des contes traditionnels  en y incluant des réflexions sur la cosmogonie, la cosmologie, les généalogies, la médecine, l'astronomie, la théologie et la philosophie. Les Purânas hindous sont anonymes, et probablement issus de nombreux auteurs qui se sont succédé au cours des siècles.

Les Purânas doivent répondre à cinq critères en plus de la narration principale :

    - la création originelle de l'Univers (sarga),
    - son renouvellement après destruction (pratisarga),
    - les âges de l'humanité (manvantara),
    - les généalogies royales (vaṃśa),
    - les légendes mythologiques (vaṃśa-anucarita).

Parmi les plus célèbres :

Brahma-Purâna, Padma-Purâna, Vishnu-Purâna, Vayu-Purâna, Bhagavata-Purâna
Narada-Purâna, Markandeya-Purâna, Agni-Purâna, Bhavishya-Purâna, Linga-Purâna

 
III Les Darshana

 Darśana  signifie « visions » « points de vue » sur le Véda.

 Les Darshana acceptent l'autorité des Védas (vaidika) comme témoignage valide, ils sont āstika (de asti, « il est »); ils croient qu'il y a un autre monde (para-loka) en dehors de celui-ci, après la mort, ou monde suprême. Ils enseignent une voie de libération de la roue de l’existence incarnée (saṃsāra) ; ils professent le respect du Ciel principe paternel et la protection de la Terre, principe maternel.

 Il existe traditionnellement six points de vue classiques sur la réalité (ṣaḍdarśana). Ces systèmes différents sont appairés selon le principe suivant : chaque paire comporte une méthode plutôt pratique ou expérimentale et une méthode plutôt théorique ou métaphysique.

 Les deux premières approches s'occupent du monde impermanent, c'est à dire du monde apparent et objectif. Il s’agit du Vaiśeṣika, qui étudie le particulier, l’expérimentation scientifique et de son pendant, le raisonnement logique, appelé le Nyāya.

 Viennent ensuite les deux aspects qui étudient l'intuition profonde et les rapports entre les hommes, les esprits et les dieux : Le Mīmāṃsā appelé aussi Pūrva-Mīmāṃsā  c.a.d. « réflexion  ancienne » expérimente l'efficacité des rites qui permettent d'établir un contact avec le monde céleste et de l'influencer, alors que  le Vedānta appelé aussi Uttara-Mīmāṃsā c.a.d « réflexion ultérieure » s’occupe de l’aspect purement métaphysique et universel de la réalité appelée Brahman.

 Enfin, les deux derniers points de vue,  étudient les aspects permanents du monde. Le Yoga a pour objet l'introspection, ou le microcosme du monde intérieur de l'être vivant, et le Sāṃkhya s'occupe de la nature de l'univers, ou du macrocosme du monde extérieur.

Les Yoga sūtra de Patañjali,  est un recueil de 195 aphorismes (sūtra), phrases brèves, laconiques, destinées à être facilement mémorisées. Ce texte est la base du système philosophique appelé yoga de Patañjali ou encore sāṃkhya-yoga en raison de sa connexion théorique avec le darśana du sāṃkhya. Le Yoga sūtra de Patañjali est un texte fondateur du yoga.  Cette œuvre a probablement été composée entre le Ile siècle avant J.C. et le IVe siècle après J.C. Vyâsa a écrit un commentaire bref mais important au VIe siècle sur le Yoga-sûtra, intitulé Yoga-bhāṣya ou Vyāsa-bhāṣya. Cet ensemble : texte de Patañjali et commentaires de Vyâsa est devenu un outil  de référence pour le yoga jusqu'à l'époque contemporaine.

Le Sāṃkhya semble être l’un des systèmes philosophiques les plus anciens de l'Inde. Il signifie énumération ou dénombrement des principes créateurs du monde (tattva). Il existe au moins deux dénombrements différents : l'un est le système classique, qui établit 25 principes élémentaires, l'autre est le système tantrique, qui comporte des divisions plus subtiles et qui établit 36 principes.

 Tous ces Darshana sont complémentaires et non exclusifs, ils sont autant d’approches différentes d’une même Réalité ultime et transcendante. Cette Vérité suprême ne peut être connue de manière objective, elle n’est pas mesurable, délimitée, finie. Au contraire, elle possède des qualités non ordinaires comme la spontanéité,  la transparence, la simultanéité, l’éternité, la subjectivité infinie, etc.  En dernier ressort cette Réalité ne peut être enseignée, désignée que par une somme de démonstrations et d’approches différentes.

 De manière exhaustive, il existe également des points de vue classiques qui ne reconnaissent pas les Veda (nāstika). Il s’agit principalement du Bouddhisme, du Jaïnisme et du matérialisme. Ce dernier point de vue fut édicté par Cārvāka, un penseur indien dont l’existence est estimé entre le VIIe et VIe siècle avant J.C.


IV Âgama, Pancarâtra, Tantra


 La dernière partie de la Tradition est constituée par une nouvelle série de textes sacrés les Âgamas Shivaïtes, le Pancha-Râtra Vishnouïte et les Tantras du Shaktisme. Ils sont considérés comme auto-révélés, non plus par Brahmâ à qui est due la révélation originelle des Védas, mais par une divinité majeure, telle Shiva, Vishnu, ou Devî. Pour les adeptes du  Tantra, la science révélée par ces nouveaux textes a toujours existé, elle est simplement devenue souterraine pendant une certaine période de l’humanité, puis elle a ressurgi pour apporter une connaissance renouvelée et plus adaptée à l’ère du Kali Yuga.

 Les Âgamas et les Tantras contiennent en général quatre portions ou « pieds » (pāda) :

Caryā-pāda : section du comportement, règles éthiques personnelles et sociales, générales et quotidiennes.

Kriyā-pāda : section du Rituel, fixant le rituel des temples,  les différents types d'initiation, toutes les cérémonies et les fêtes et la manière d'accomplir son propre rituel d'adoration (pūjā)

Yoga-pāda : section du Yoga, rassemblant toutes les méthodes de contemplation, disciplines intérieures, méditation, réalisation du Soi et de la Divinité.

Jñāna-pāda, section de la doctrine, établissant le point de vue doctrinal du texte, expliquant la métaphysique, l'émanation des trente-six tattva à partir de la Divinité suprême, décrivant la charte des mondes, les différents types d'âmes» etc…

On distingue, selon la Divinité qui révèle ces Tantra :

Les Shaiva-Âgamas :

 Les Agama qui ont Shiva pour divinité suprême, (Śaiva-āgama) se subdivisent en quatre classes: Pâshupâta, Lâkula, Kâpâlika ou Soma-siddhânta,  et Shaiva. Au fil du temps, le courant s’est subdivisé en trois :

   -  le courant de Gauche (Vāma-srotas),
    -   le courant de Droite (Dakṣiṇā-srotas)
    -   le courant issu de la bouche d'en haut (ūrdhva-srotas ou Siddhānta)

Les Tantras

 Les Tantras ont la Déesse pour divinité suprême.  Le Tantra des Śiva sūtra, d’origine divine fut enseigné par Vasugupta qui donna ainsi naissance au Shivaïsme du Cachemire.

 - Trika (avec trois déesses suprêmes),
  - Krama instruit par la Déesse Oḍḍiyāna
  - Kaula, voués à d'autres formes de la Déesse.

Les Vaishnava-Âgamas

Les Âgama qui ont Vishnu pour Divinité suprême (vaiṣṇava-āgama) se subdivisent en deux parties :

-    La « Révélation des Cinq Nuits » : Pañca-rātra-āgama, présents au Sud de l'Inde et aussi au Cachemire.

-    Des tantras ou âgamas appelés Samhitâ, « collections », au nombre de cent huit traditionnellement.

Les Sauras

 En plus, il y avait des Tantra « solaires » (Saura), au nombre de 85, révélés par Sûrya, nommés Samhitâ, parmi lesquels seule la Saura-samhitâ est parvenue jusqu'à nous, et d'autres ont été incorporés aux Agama shivaïtes ou transformés en hymnes.

 En synthèse


Ces différents courants ont volontiers été regroupés sous le terme occidental de « Tantrisme » donnant ainsi naissance à une nouvelle approche de la Réalité comprenant des caractéristiques communes :

- Le monde extérieur n’est pas une illusion, un rêve, il est réintégré dans la Conscience en tant qu’énergie (Śakti). Cette énergie est effectivement toujours changeante, c’est ainsi que les manifestations de l’énergie n’ont pas de valeur absolue, les éléments manifestés sont relatifs les uns par rapport aux autres (le chaud/froid, jour/nuit, haut/bas, droite/gauche, etc…), mais l’énergie a bien une réalité vibratoire, elle relie les pôles d’opposé pour engendre une mesure, elle permet la connaissance de l’Être cosmique (Śiva), elle est le pouvoir d’expression de la Conscience.

- Le monde est empreint d’extase, il est le fruit de l’union amoureuse de Shiva et Shakti. Le plaisir des sens et la matérialité de leurs objets respectifs sont donc intégrés dans la Conscience en tant que jouissance (bogha). L’adepte du tantrisme  (tantrika) devient ainsi un dégustateur de conscience (rasika), il  transforme de façon rituelle et par une attitude intérieure, toute jouissance sensorielle en une célébration sacramentelle. Exemple des cinq M (pañca-makāra) : viande (māmsa), poisson (matsya),  vin (madya),  céréales desséchées (mudra) et union sexuelle (maithuna).

- Shiva et Shakti sont indissolublement enlacés dans une union amoureuse. Le tantrisme ajoute ainsi une vue plus profonde sur la Réalité ajoutant 11 éléments créateurs (tattva) à la manifestation au-dessus de la dualité Puruṣa Prakṛti. Le système philosophique classique du Samkhya devient alors le système énergétique de la Kundalini. (c.a.d de la Shakti). Cette énergie possède cinq qualités primordiales : Conscience (Cit Śakti), Béatitude (Ānanda Śakti), Volonté autonome (Iccha Śakti), Connaissance (Jñāna Śakti) et Activité (Kriya Śakti). Elle est également Māyā-Śakti, la puissance d’illusion qui maintient l’âme individuelle (Puruṣa) dans l’ignorance de sa propre Nature à l’aide des cinq cuirasses (Kañcuka).

- Il y a ainsi un renouveau du rituel (pūjā) avec l'adoration de la Divinité dans les temples sous ses différentes formes (mūrti) ou sur des supports symboliques (linga, bannières, cellule centrale vide). Les temples ont remplacé les autels et les sacrifices védiques qui se faisaient à ciel ouvert, au pied d'un arbre ou sur la flamme du foyer sacrificiel, sans aucune représentation anthropomorphique des divinités.

- Le tantra donne une primauté à la femme et au culte des divinités féminines. Il y a l’idée de voir la déesse en toute femme, (kānyā-pūjā) avec l’application de cette attitude de révérence y compris dans les relations sexuelles.

- Nouvelles initiations, basées sur les qualifications personnelles (adhikāra) et non sur la naissance ; division des êtres humains en trois catégories : type animal (paśu), héroïque, (vīrya), et divin (divya). Il existe un moyen pour atteindre le but (sadhana) approprié à ces trois types : pour le héros : affronter les passions, le péril ; axiome que le poison peut être transformé en remède.

- Sur le plan de la pratique, il y a un rejet de l'ascétisme extrême et une adoration de l'énergie présente à la base du corps humain sous la forme de Kundalinî-Shakti, avec des méthodes pour l'éveiller et la reconduire à son époux : Kundalini-yoga. Recherche de la perfection corporelle en vue de la libération spirituelle grâce aux pratiques du Hatha-yoga.




Michel  Chauvet
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