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Karma et Modernité 17/03/2013

Quel Avenir pour le Karma ?
Une représentation traditionnelle de l'existence confrontée à la modernité.

 

La science explore la conscience

 

La planète du yoga se compose de personnes dont la curiosité est tout aussi bien portée sur le domaine scientifique que sur les représentations mystiques et paranormales. Il s'ensuit que des événements, des expériences vécues dans la pratique yoguique et la méditation peuvent être interprétés de manière totalement contradictoire. De par notre culture polymorphe et de plus en plus internationale, nous sommes habitués à jongler intérieurement avec des concepts antinomiques. Il est possible qu'une explication scientifique et rationnelle satisfasse une partie de notre cerveau tandis qu'une explication irrationnelle en satisfasse une autre, sans pour autant engendrer un conflit intolérable. Cependant, la mise à plat de certaines contradictions me paraît propice à une clarification des principes philosophiques qui soutiennent notre pratique individuelle. Les neurosciences ont accompli ces dernières années des progrès considérables, à tel point que les revues de vulgarisation scientifique nous abreuvent d'expériences prétendument extraordinaires et d'explications sur nos comportements quotidiens. Il serait vain de contester les découvertes sur le fonctionnement neurologique et les échanges chimiques qui se déroulent constamment dans les connexions des 90 milliards de neurones d'un cerveau humain. Rappelons cependant que cette connaissance est relativement récente et qu'elle est assurément appelée à évoluer encore dans les années à venir.
Le cerveau est reconnu comme l'organe moteur essentiel à la vie. Le constat de son inactivité - la mort cérébrale - proclame officiellement l'état de mort clinique. Il y a quelques décennies ou quelques générations, on recherchait encore les battements cardiaques ou l'extinction du souffle pour décréter un décès. Certes l'observation de l'activité cérébrale par des moyens technologiques prémunit contre des erreurs fatales de diagnostic mais elle nous prive par là même d'une représentation intérieure et émotionnelle de la mort.

 

La philosophie s'empare de la causalité

 

D'un autre côté, la représentation ancestrale de la chaîne des existences, annoncée dans les philosophies orientales et reprise par le yoga classique, s'oppose rigoureusement à une explication chimique et neuronale de la conscience. En effet, il faut imaginer un autre substrat que le cerveau pour envisager une conscience individuelle après l'état de mort clinique. Il faut trouver un autre vecteur de conscience que le cerveau pour appréhender une continuité d'existences dans une chaine ininterrompue de réincarnations. La loi du karma repose elle aussi sur une approche rationnelle - quoique non scientifique - et une observation des causes et des conséquences dans tous les domaines de la manifestation. Depuis l'antiquité indienne, de nombreux philosophes ont élaboré différentes théories sur le lien réel ou illusoire entre une cause et sa conséquence. Les sâmkhiens furent d'ailleurs les plus convaincus de la relation de causalité, à tel point qu'ils nommèrent leur école philosophique le 'parinâma vâda', le 'discours sur la transformation'. Le sâmkhya, école philosophique parmi les toutes premières de l'histoire de l'humanité, prétend même que l'effet préexiste dans la cause avant même qu'il ne soit manifesté. Par exemple, une poterie est consubstantielle de sa cause matérielle - l'argile - et son concept aussi existe préalablement dans l'esprit de son créateur - le potier. Il en résulte pour le sâmkhya une loi de relation de cause à effet qui s'applique aussi bien dans
les domaines matériels que dans le domaine psychique et mental de toutes les formes de manifestation, visibles ou invisibles. A   titre   de   comparaison,   l'advaita vedanta rejette vigoureusement cette analyse   des   phénomènes   logiques observables  dans   notre  champ  de perception. Il avance que la cause réelle de   toute   manifestation   observable n'est pas de même nature que son effet. Ce serait notre conditionnement, par l'ensemble de nos vies passées, qui imposerait une lecture inappropriée des événements que nous réinterprétons fallacieusement dans une chaîne de causes et de conséquences. La réalité de tout événement serait à découvrir dans une cause dite 'substratum', éternelle, inchangée, inaltérée et source de toute conscience. Cette notion védantique appelée brahman recouvre une réalité essentielle qui n'est pas affectée par l'échelle du temps et donc par l'illusion de ses transformations. La maya est une forme d'illusion qui nous empêche d'accéder  à   la   conscience  absolue et   éternelle   du   brahman,   réalité suprême  de  l'existence. Voilà  pour la partie émergée de la controverse philosophique qui anima les débats pendant  de  nombreux  siècles.  Les partisans de l'école logique du nyâya, de l'école atomiste du vaiçeshika, et encore  les  philosophes  bouddhistes et jains apportèrent chacun leur part originale au débat sur la réalité des causes et des conséquences.


Une vision védique ancestrale

 

Ce questionnement récurrent permit de labourer en profondeur toutes les possibilités logiques de la causalité au sein de notre condition humaine. Un long entraînement à la dispute philosophique produisit donc des effets intéressants sur une élaboration de plus en plus fine de la loi du karma. Les brahmanes affiliés aux vedas se faisaient une représentation approximative de la suite à donner à la mort physique. Les âmes devaient transiter par divers mondes, monde des ancêtres, monde lunaire, monde intermédiaire, monde céleste, domaine des dieux. Yama le dieu de la mort régnait dans un infra monde semblable à notre représentation de l'enfer. Naciketas y descendit dans la Katha Upanishad alors même qu'il y était 'envoyé' par une malédiction de son père; il en profita pour questionner Yama sur l'essence de l'existence. Il était généralement établi pour les aryens que les âmes revenaient sur terre après avoir séjourné par ascension dans les mondes supérieurs, en transitant par les phénomènes météorologiques (les nuages, la pluie) et en réintégrant le circuit de la vie par un phénomène d'alimentation entre espèces interdépendantes. Dans ce schéma, l'eau de la pluie réintroduit l'âme individuelle dans les végétaux, lesquelles servent de pâture ou d'alimentation à des espèces animales; les espèces animales peuvent éventuellement s'entre dévorer et ainsi l'âme peut transmigrer chaotiquement d'un état à l'autre. Cette logique, quoiqu'intéressante et pleine de poésie, n'était pas vraiment modélisée. À signaler que le grand Shankara adhérait à la théorie de réabsorption par les météores (théorie précédemment décrite), pour la simple raison qu'elle était mentionnée dans les Upanishads, et que ces dernières ne pouvaient pas se tromper, étant par nature du domaine de la parole révélée. Shankara ne renonçait pas à cette représentation archaïque mais bataillait ferme contre la théorie sâmkyenne pour lui contester l'idée de transformation à partir d'une cause primordiale dans la loi de la manifestation.


La vie : une tragédie  ou une opportunité ?


Le Bouddhisme et le Jainisme, largement aussi anciens que les Upanishads védiques et que le sâmkhya, n'étaient pas entravés par une quelconque affiliation à la çruti (ensemble des textes fondateurs du brahmanisme) et furent assurément les premiers à théoriser une vision logique de la réincarnation à partir de la loi du karma. Ces croyances hétérodoxes (extérieures à la référence védique) s'étaient affranchies de la tutelle des brahmanes et de leurs croyances pour se consacrer à la recherche de la libération sans qu'aucune représentation religieuse ne vienne les influencer. Le Bouddha, aussi bien que ses contemporains jains, considéraient que l'existence est source de souffrance, et que la meilleure chose à accomplir est de se libérer définitivement de l'engrenage des vies successives qui nous affligent en ce bas monde. Cette conception est bien connue de nos contemporains mais elle tranche avec notre mentalité 'moderne' et occidentale qui privilégie la vie individuelle avant tout, la prolonge autant que possible par tous les moyens médicaux à disposition et consacre toutes ses forces au confort quotidien et à la sécurité de ses acquis, comme si la mort, inévitable, n'aboutissait à aucun lendemain. À ce propos, notre conception du yoga et nos motivations pour le pratiquer sont assez confuses. Le yoga est souvent pratiqué pour atténuer le stress et pour améliorer la santé ; certes, ce sont là quelques profits qui apportent de la déflation à la souffrance générale de l'existence. Je rappelle que toutes les philosophies antiques de l'Inde considèrent l'existence comme un fléau d'où ne ressort en définitive que souffrance, et que la seule attitude philosophique éclairée consiste à cesser aussi vite que possible le cours des existences successives. Paradoxalement le moyen idéal d'en terminer avec la souffrance est de profiter de cette occasion unique qui nous est donnée d'assumer notre existence humaine. En effet, seule la condition humaine permet d'envisager une évolution radicale vers la libération, car elle procure une conscience dynamique, laquelle autorise une découverte de sa véritable nature et fournit les moyens de la réaliser. Il y a tout de même une contradiction dans notre attitude moderne à vouloir rafistoler la vie pour en tirer le meilleur profit possible, sans envisager d'y mettre un terme en épuisant toute velléité de prolongation. La réponse à cette énigme se trouve un peu plus loin.


Élaboration d'une théorie

 

Bouddhistes et jains ont donc élaboré froidement, méticuleusement, une théorie de succession logique au moyen de la loi du karma. Le karma, c'est la chaîne causale de toute forme d'action, comme son nom l'indique. Le karma implique une responsabilité individuelle et en aucune façon il n'y apparaît une notion de responsabilité collective, comme il est fréquent aujourd'hui de l'interpréter. La loi du karma a donc besoin d'une mémoire individuelle qui transmigre indépendamment du corps physique qu'un individu occupe momentanément. Toutes les informations, les expériences et les émotions sont stockées dans une mémoire entraînement appelée karmâçaya. Cet imposant 'sac à dos' invisible, porté dans notre 'corps causal' - kârana çarîra - influence les conduites à venir et les choix de vie de manière puissante et incontournable. Cette théorie explique les rencontres fortuites et les désirs profonds qui animent l'existence par la force d'imprégnation de nos expériences passées. Toute émergence d'un désir, toute aspiration est conditionnée par la mémoire profonde individuelle et les actualisations de cette force mémoire s'appellent des vâsanâ. En d'autres termes, nous sommes poussés par nos expériences passées pour actualiser des désirs qui tirent leur origine de ce réservoir inconscient. Notre libre arbitre est relatif dans la mesure où nous ne sommes pas conscients des forces individuelles qui motivent notre existence. Pour autant nous sommes 'responsables' puisque la cause se trouve bien dans la somme d'expériences antérieures qui est la nôtre. Comment se fait-il alors que nous n'ayons aucun souvenir de nos vies passées ? Nous n'avons déjà pas beaucoup de recul sur notre existence actuelle. La plupart des informations ont glissé sous la conscience active, soit juste en dessous, soit très en dessous, dans une aire presque inaccessible. Et pourtant rien ne se perd dans le karmâçaya. L'hypermnésie est une maladie redoutable pour l'être infortuné qui ne peut rien oublier, qui ne peut rien classer sur le mode du relatif ou de la mise à l'écart des événements traumatiques. Imaginons alors quel enfer ce pourrait être de conserver toutes les mémoires actives des vies précédentes ! Quelques exégètes indiens du karma et de la chaîne des existences prétendent que le fœtus a accès momentanément, dans sa vie fœtale, à cette mémoire globale mais la perd dès qu'il sort du ventre de sa mère, entrant 'pour de bon' dans un nouvel acte de la scène karmique. Je ne saurais dire si c'est vrai mais en tout cas, c'est une théorie intéressante, comme une reprogrammation ou une confirmation momentanée de la puissance qui nous habite et qui nous meut inconsciemment.

L'usage de nos différents corps


La naissance est en soi une vâsanâ. Pour actualiser des désirs, il faut d'abord vouloir prendre corps, ou reprendre corps. Et c'est cette nouvelle forme corporelle qui permettra d'assumer les empreintes et les tendances. Il me faut maintenant revenir au passage crucial de vie à trépas. Selon cette théorique, nous vivons des expériences dans plusieurs corps complémentaires. Le corps grossier -  sthûla çarîra - est impliqué dans les expériences matérielles. Le corps subtil -  sûkshma ou linga çarîra -   est plus difficile à circonscrire car il véhicule autant le domaine des pensées que celui des rêves. C'est particulièrement évident lorsque nous rêvons et que le corps physique est dissocié de nos expériences mentales. Je n'ai pas perdu de vue qu'à cela, la science répond qu'il s'agit toujours d'une activité cérébrale et elle ne voit pas précisément la nécessité d'établir une distinction entre deux corps supposés. Mais une fois que la mort cérébrale est prononcée, la connaissance yoguique nous certifie que la conscience reste active dans un troisième corps, en quelque sorte un successeur du corps subtil, et elle l'appelle l'âtivâhika çarîra. Nous connaissons tous les témoignages de tous ordres et de tous temps, venant de nombreuses cultures différentes, et qui s'accordent tous pour décrire la sortie du corps, la rencontre d'entités spirituelles qui communiquent avec les défunts immédiats en une langue compréhensible, le passage d'une frontière d'où l'on ne peut définitivement plus revenir, et enfin ce fameux tunnel au bout duquel on aperçoit une lumière ! Ce dernier détail met d'ailleurs en joie les neurobiologistes les plus sceptiques qui en retour, avancent des explications scientifiques bien plus tordues que les explications 'spiritualistes'. S'il    s'avère    que    la    conscience individuelle reste intacte à l'état post mortem - et nous allons tous bientôt le savoir, à une échéance plus ou moins brève ! - l'âtivâhika çarîra ne dispose résolument plus d'un cerveau  pour fabriquer des  impressions  mentales. Elles   sont   expérimentées   dans   un corps qui n'a plus de relation avec l'équipement    neuronal. Cette hypothèse impose une croyance au karmâçaya.     L'identité     précédente disparaît mais pas sa logique karmique qui est en train de se prolonger pour s'inscrire bientôt dans une nouvelle incarnation. Que ce soit dans le corps subtil puis dans l'âtivâhika çarîra de l'intermède entre deux incarnations, la loi du karma reste active pour fournir les vâsanâ suffisantes à l'expression d'un nouveau désir de vie. Reste à savoir dans quel corps, dans quelle condition car il n'est pas assuré que la condition humaine soit promise dans la prochaine vie.  En fait,  la  logique des vâsanâ veut que la prochaine incarnation se fasse dans le corps le mieux équipé pour actualiser les désirs qui motivent l'urgence d'un corps physique.

 

Les limites de la toute puissance


La vie post mortem intermédiaire est réputée  extrêmement problématique car   les   aspirations   et   les   désirs individuels n'en continuent pas moins de s'exprimer. D'ordinaire, dans la vie terrestre, nos désirs se confrontent à un principe de réalité. Imaginez que vous ayez une furieuse envie de litchis en une période où vous ne pouvez manifestement pas en manger. Cette frustration   doit   s'accommoder   du principe de réalité. Or il n'en est rien dans le corps post mortem ! Un tel désir pourra s'assouvir précisément par les éléments subtils (les tanmâtra reconnus par la  philosophie sâmkhienne). Le corps   subtil   se   nourrit  d'éléments subtils !   En  pareille circonstance, une  réponse  'subtile'  contourne la problématique habituelle du principe de réalité. Rien de plus logique, encore que parfaitement invérifiable à l'heure actuelle, à moins d'être mort et en transition vers une nouvelle existence ! Pourquoi, dans ces conditions, ne restons-nous pas définitivement dans un âtivâhika çarîra qui pourvoit à tous nos désirs ? Pour répondre à cette énigme, comparons-la aux expériences que nous vivons en rêve, dans le corps subtil, et dans les éléments subtils. Par exemple, les rêves erotiques ne comblent pas les pulsions sexuelles qui doivent nécessairement s'assouvir à l'état de veille, et donc se confronter au principe de réalité. Il est probable que les désirs comblés dans l'âtivâhika çarîra ne mettent pas un terme aux vâsanâ. Il faut impérativement retrouver une corporéité pour retrouver la marche du karma et la résolutions des vâsanâ. Comme si les désirs, les pulsions, les tendances, en d'autres termes les vâsanâ, ne rentraient véritablement dans la résolution karmique que dans une expérience sensorielle et intellectuelle où tous les corps complémentaires sont réunis pour actualiser réellement la marche du karma. Ainsi la vie trouve un sens dans l'actualisation de ses tendances et dans le but d'épuiser les dernières vâsanâ qui nous projettent dans le désir de vivre. Nous les épuisons grâce à nos corps subtil et grossier mis en action. Au bout du compte, la résolution du karma aboutit à l'établissement de la conscience dans le corps causal (kârana çarîra), ou peut-être dans la çûnyatâ bouddhiste (le vide), ou encore le brahman éternel. Il n'y a plus aucun conflit d'ordre idéologique ou philosophique sur la réalité de l'épuisement du karma.


La matière au service d'une cause subtile ?


Il est bien difficile de savoir si la science mettra prochainement un terme à de pareilles croyances. Celles-ci ont pourtant fondé une pratique spirituelle et spéculative qui couvre trois millénaires depuis son émergence jusqu'à aujourd'hui. Ou bien, les découvertes scientifiques admettront-elles que les observations cliniques, pour aussi révolutionnaires qu'elles nous paraissent, ne sont que les témoignages matériels d'une logique encore plus profonde et dénuée de matérialité ? Les découvertes scientifiques sont 'vraies', à l'évidence, dans l'observation de leur domaine de prédilection. Pourraient-elles être soumises à une loi de causalité qui dépasse la matière élémentaire et les lois de la vie ? Seraient-elles même soumises et régulées par une énergie cosmique répondant parfaitement à la causalité ? Il est possible alors d'envisager que nos avancées scientifiques reproduisent ou confirment en toute justesse une loi générale qui les régit dans le domaine de la manifestation matérielle. Mais la lecture scientifique s'avère inopérante dans le domaine spirituel qui transcende la limitation corporelle. Si la conscience se prolonge au delà de la mort, alors la démonstration est faite que la vie organique, y compris celle du cerveau, est subordonnée à une force subtile qui dicte sa loi sur la matière. La spiritualité ne peut pas prouver à la science que la conscience dépasse les limites du corps physique mais la science ne peut pas non plus démontrer que la vie, la conscience et la chaîne de causalité s'arrêtent à la vie organique. A chacun de se faire une idée maintenant ! La représentation que nous avons de nous-mêmes s'inscrit dans une représentation globale qui se veut cohérente dans la relation humaine avec le cosmos, mais aussi entre un individu et ses partenaires. Une vision traditionnelle, réfléchie et élaborée depuis tant de générations de chercheurs spirituels, ayant nourri tant de visionnaires, de philosophes et de mystiques, n'a peut-être pas dit son dernier mot dans ce monde moderne qui ne jure que par les explications scientifiques et les prouesses technologiques.

 

Auteur :Rodolphe Milliat

Avec l'aimable autorisation de la Revue Infos-Yoga



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