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Astrologie et yoga 25/08/2013

La Lune sous la forme féminine de l'Énergie (Shakti) contrôle les influx du côté gauche. Le Soleil sous la forme mâle de Shambhu (Shiva) contrôle les influx du côté droit (Shiva Svarodaya verset 52)

Les hommes qui observent constamment la circulation des influx dans les artères lunaire (Ida) et solaire (Pingalâ) ont à portée de la main la connaissance du passé et de l'avenir. (Shiva Svarodaya verset 56)

 

Astrologie et     yoga     ont commun    une    vision traditionnelle    du    monde basée     sur     l'analogie entre  microcosme  (l'humain) et   macrocosme   (l'univers). L'astrologue  comme  le yogi recherche   la   connaissance et la réalisation à travers sa science, son art et sa pratique. Mais   en   schématisant   un peu on pourrait dire que le premier appréhende le Tout (Maha) pour se comprendre et se réaliser, alors que le second part de lui-même (ha ham) pour se relier et s'identifier au Tout. Nombreuses sont les références qui indiquent que yoga et astrologie ont été proches, voire se sont interpénétrés au cours des âges. Mais aujourd'hui il est difficile de trouver des maîtres qui relient ces deux grands courants. Dans la tradition tibétaine on peut citer le grand lama dzogchen Namkai Norbu Rinpoché. Parmi les occidentaux qui ont fait le lien entre astrologie et yoga se trouvent deux français : Serge Raynaud de la Ferrière et Constant Kerneïz.

 

Serge Reynaud de la Ferrière (1916-1962)

II a fréquenté différents cercles ésotériques à Paris avant de se rendre en Amérique du Sud où il a fondé la Gran Fraternidad Universal au Venezuela, organisation qui s'est développée dans toute l'Amérique latine où elle a largement contribué à populariser le yoga et l'astrologie. La Ferrière présente le yoga dans une œuvre magistrale de 620 pages intitulée Yug Yoga Yoghismo. En tant que yogi et astrologue, il établi de nombreux ponts entre les deux disciplines. Malheureusement cet ouvrage écrit en français à l'origine n'a jamais été publié dans cette langue.

 

Constant Kerneïz (1880-1960)

Astrologue et orientaliste, il aurait reçu la transmission de la pratique du yoga par un indien à Londres en 1928. Il est considéré comme le premier français ayant enseigné le yoga en France. Son enseignement est passé à Lucien Ferrer qui l'a transmis à Roger Clerc, initiateur du « yoga de l'énergie ». Kerneïz a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels le fameux Hatha Vidya publié en 1945 qui présente de façon éclairée la connaissance du hatha yoga. Dans cet ouvrage on trouve deux chapitres consacrés à l'astrologie associée à la connaissance du yoga. Il évoque en particulier la précession des équinoxes et les deux zodiaques utilisés dans la tradition indienne. Le zodiaque du soleil divisé en douze signes et le zodiaque lunaire divisé en vingt-sept demeures lunaires ou nakshatra. On peut ainsi associer le douze au soleil et vingt-sept à la lune. Le premier nombre qui est à la fois multiple de douze et de vingt-sept est cent huit (12x9=108 et 27x4=108). Le mala qui comporte 108 graines peut ainsi être perçu comme l'union des zodiaques solaire et lunaire. Le yogi qui égraine son mala en récitant des mantras peut   de   cette   façon   réaliser 'union du soleil et de la lune. Il rentre dans cette danse de l'énergie qui tourne avec le mala comme les planètes, les étoiles et les galaxies tournent dans l'univers. Ces deux zodiaques  peuvent représenter au niveau du macrocosme ce que ida et pingala représentent au  niveau du  microcosme.  En effet dans la tradition du hatha yoga ou l'art d'unir le soleil et la lune, le corps subtil est représenté comme un réseau de canaux (nadi) véhiculant l'énergie   subtile   (prana)   dans   tout l'espace énergétique des personnes. Ces canaux sont suivant les présentations au nombre de 72000 ou de 360000(1). Mais ils sont réduits au nombre de 10 canaux principaux associés aux 10 portes ou orifices du corps humain et aux 10 vayu principaux (2). Parmi ces 10 principaux on en retient en général trois dans la pratique du pranayama : sushumna, le canal médian ou axe central ; ida, le canal lunaire qui est blanc comme la lune et associé au côté gauche et pingala, le canal solaire qui est rouge comme le soleil et associé au côté droit, ida et pingala, tout comme le soleil et la lune dans le ciel, représentent la dualité à travers tous les types de polarités imaginables. L'union de la lune et du soleil qui symbolise la résorption de la dualité ne peut se réaliser que dans l'axe central qu'on appelle aussi axe de la vacuité ou canal de l'éclipsé dans le yoga tibétain. Cette jonction de soleil et lune dans l'axe central qui induit un éveil de l'énergie et de la conscience au niveau du yogi ou microcosme peut être associé au niveau du macrocosme ou univers aux rendez-vous célestes que constituent les éclipses(3). Dans le hatha yoga traditionnel il existe de nombreuses analogies entre microcosme et macro-cosme. Les signes du zodiaque et les planètes sont associés aux différents chakras. Nous ne pouvons ici rentrer dans les détails de ces associations qui peuvent varier suivant les traditions, les auteurs et les ouvrages.


Dans le Hatha Vidya, on parle donc de deux zodiaques solaires et lunaires mais il faut préciser que le zodiaque solaire (4) peut être vu de différentes façons. Si on se réfère aux étoiles des constellations qui apparaissent dans le zodiaque, il s'agit du zodiaque sidéral qui est utilisé de façon traditionnelle en Inde et dans certains courants occidentaux comme l'anthroposophie de Rudolf Steiner. Mais il existe un autre zodiaque que l'on appelle zodiaque tropical ou zodiaque des saisons qui est devisé en douze parties égales de trente degrés chacune calculées à partir du point vernal qui correspond à l'équinoxe de printemps dans l'hémisphère nord. C'est ce zodiaque qui est généralement utilisé dans l'astrologie occidentale. Le lieu du ciel où tombe le point vernal n'est pas fixe et il rétrograde dans le sens inverse du zodiac sidéral d'environ un degré tous les 72 ans. De la sorte il met en moyenne 2160 ans pour traverser une constellation et il fait ainsi le tour complet du zodiaque sidéral dans un cycle d'environ de 25 920 ans qu'on appelle une grande ère. Il en résulte que le zodiaque des saisons se décale lentement par rapport au zodiaque sidéral de la voûte céleste. On appelle ce phénomène la précession des équinoxes et c'est ce mécanisme qui détermine les ères astrologiques(5>. Certains scientifiques rationalistes ont longtemps invoqué ce décalage pour discréditer l'astrologie. Mais la connaissance de la précession des équinoxes remonte à l'antiquité et les astrologues savent fort bien s'ils utilisent tel ou tel zodiaque. Ils ont un mode de calcul très précis pour déterminer ce décalage qui est appelé ayanamsa. Ce n'est sans doute pas par hasard si les occidentaux ont opté pour le zodiaque tropical ou mobile que l'on appelle aussi « le zodiaque intellectuel » qui est plus abstrait mais dont la lecture est plus concrète, plus « matérialiste ». De leur côté les indiens ont conservé l'usage du zodiaque sidéral ou zodiaque fixe qui est d'une certaine façon plus concret car délimité par les étoiles mais dont la lecture apparaît plus spiritualiste. De nos jours, cependant, les pensées occidentales et orientales s'étant rapprochées, nombres d'astrologues occidentaux tiennent compte du zodiaque sidéral, alors que beaucoup d'astrologues indiens intègrent le zodiaque des saisons.


L'astrologie traditionnelle enseigne que la constellation où transite le point vernal colore la période en question : c'est ce que l'on appelle une ère astrologique. Tous les astrologues sont d'accord sur ce point mais il n'y a pas unanimité sur les dates de début et de fin de ces ères. Aujourd'hui beaucoup disent que nous sommes déjà rentrés dans l'ère du verseau, d'autres pensent que nous y rentrons et certains comme les anthroposophes pensent que nous sommes encore en plein dans l'ère des poissons. Peut-être que tous ont raison à leur façon. Encore une fois tout dépend de notre référence, de notre point de vue. Il peut y avoir des manifestations concrètes qui indiquent un changement d'ère mais avant que ce changement soit vraiment intégré par la majorité il peut se passer des décennies voir des siècles. De plus les limites entre les constellations ne sont pas précises. Certaines constellations se chevauchent même un peu dans le zodiaque. Beaucoup s'accordent à penser que l'ère des poissons a commencé avec le Christ. La symbolique des poissons est très présente dans le christianisme de même que celle de la vierge qui est le signe opposé
aux poissons dans le zodiaque. Les poissons symbolisent l'amour universel du Christ, tandis que la vierge est associée à la pureté, deux notions très présentes dans la tradition chrétienne. Le Christ représenté par les poissons est en relation directe avec la vierge et ces deux aspects correspondent à la période où l'axe précessionnel transite dans les signes des poissons et de la vierge. Auparavant cet axe a transité dans les signes du bélier et de la balance. C'était l'ère du bélier que beaucoup associent à l'Ancien Testament et d'autres traditions et mythes où le bélier et le mouton sont présents dans les cultes et les sacrifices. Le bélier représente la puissance divine, tandis que la balance représente la justice divine, deux notions clé dans l'Ancien Testament. Mais cette lecture des ères précessionelles ne se limite pas au monothéisme. On peut noter par exemple que le bouddhisme apparu cinq siècles av. J-C a évolué à l'époque où le christianisme est apparu vers une nouvelle forme : le mahayana, tradition où l'amour et la compassion sont des notions fondamentales. Dans le cycle précédent (ère du taureau), l'axe précessionnel a transité dans les constellations du taureau et du scorpion. On trouve de nombreuses références au taureau dans les cultes et religions du Moyen-Orient (Egypte, Crète, Assyrie) et jusque dans la péninsule ibérique. C'est sans doute à cette époque que la tradition spirituelle indienne s'est structurée dans une synthèse du shivaïsme ancien et du brahmanisme naissant. On peut noter que la monture de Shiva est le taureau Nandi tandis que la monture de Vishnu est l'aigle Garuda. On sait que l'aigle est associé au signe du scorpion dans la tradition ésotérique (6). Par ailleurs le scorpion est en rapport direct avec Shiva dans la tradition du yoga (7) tandis que Vishnou peut être rapproché de la vache qui est vénérée dans le brahmanisme (8). La vache symbolise la mère divine et la nourriture terrestre et céleste qui permet le processus de préservation illustré par Vishnu. On retrouve ici la symbolique de la polarité lune - soleil avec Shiva le dieu lunaire associé à la mort et au scorpion et Vishnu dieu solaire associé à la vie et à la vache. Ainsi les deux dieux : Vishnu (préservation, conservation) et Shiva (destruction, régénération) avec leurs montures respectives à l'opposée dans le zodiaque mettent en évidence l'importance de l'axe taureau-scorpion dans la tradition du yoga. Assurément le hatha yoga traditionnel et le tantrisme sont colorés par le scorpion tandis que bakti yoga et karma yoga sont colorés par le taureau. Mais tout comme Shiva a pour monture le taureau, qui illustre l'incarnation dans le plan matériel, le hatha yoga se base sur le corps physique. Mais tout comme Vishnu a pour monture Garuda le courant vishnouïte s'établit dans le concret (rituels, règles, cadre...) en se basant sur de hauts principes et une philosophie spiritualiste (védanta). Nous ne pouvons pas ici développer les correspondances entre les éléments de l'astrologie et les pratiques du yoga. Présentons simplement pour rester dans notre axe taureau-scorpion, deux postures du hatha yoga. La première est vrischikasana (la posture du scorpion) qui ne devrait être exécutée que comme offrande à Shiva. La seconde est gomukhasana (la posture de la tête de vache) qui es réputée pour développer des siddhi. Pour exécuter vrischikasana il faut d'abord se placer en shirshasana (posture sur la tête). Il y a dans cette attitude inversée par excellence, comme un défi à l'ordre établi. Ce n'est qu'en acceptant de relier le plus haut au plus bas qu'on a une chance de dissiper la dualité. Mettre ainsi « la tête à la terre », est aussi une façon d'amener la conscience satvique dans la base la plus tamasique. Le passage de shirshasana à vrischikasana est comme une fulguration et la tenue de la posture comme une suspension dans un espace-temps secret/ sacré. Pour exécuter gomukasana, on peut s'asseoir en vajrasana ou en padmasana (lotus). Mais le plus approprié est sans doute l'assise en gorakshasana qui consiste à croiser les jambes en les repliant l'une sur l'autre. L'attitude de gomukasana consiste à attraper les mains fermement derrière le dos et se centrer dans la grotte du cœur. En se reliant à Goraksha (le gardien du troupeau), on se relie à Matsyendranatha et à l'origine de la transmission. En se reliant à Gomuk, on se relie symboliquement à la source de la connaissance illustrée par la source du Gange qui point d'une grotte dans les hauteurs de l'Himalaya. Le Gange terrestre est perçu comme le flot de la connaissance qui s'écoule dans le monde des hommes. Ce flot qui s'écoulait du ciel vers la terre fut capté et décanté par le chignon de Shiva au mont Kailash nous dit la légende. Le Gange céleste est assimilé à la Voie Lactée. Puissent les yogis se relier à cette sushumna cosmique, contempler cette voie royale, égrainer ce mala d'étoile !

 

Notes :
(1)   Ces deux nombres sont évidemment symboliques. 360 est en relation évidente avec les 360 degrés du zodiaque. 72 est 6 x 12 et en même temps 1/5ème de 360 et constitue un des aspects utilisé dans l'astrologie indienne. Tous les multiples de 12 sont en relation avec le zodiaque. 72 ans est le temps que met l'équinoxe vernal pour parcourir un degré dans la précession des équinoxes. 72 est également en relation avec la nutation, un cycle parmi les nombreux mouvements de la lune.

(2)  Les vayu sont des flux d'énergie qui parcourent le corps subtil et qu'on désigne parfois de façon globale par le terme de prana même si le prana désigne spécifiquement un de ces vayu. Dans ces 10 vayu il y a 5 vayu mineurs et 5 vayu majeurs qui sont associés au 5 premiers chakras principaux : apana et muladhara chakra, vyana et svadhisthana chakra, samana et manipura chakra, prana et anahatha chakra, udana et vishuddha chakra. Concernant les 10 portes, on peut associer les 7 planètes des anciens visibles à l'œil nu dans le ciel aux 7 orifices visibles chez l'être humain (yeux, narines, oreilles et boucle) et les 3 planètes trans-saturniennes invisibles à l'œil nu (Uranus, Neptune et Pluton) aux trois orifices secrets (anus, sexe et fontanelle ou brahmarandhra, orifice de Brahma).

(3)  Voir Les éclipses mythes et symboles, Khristophe Lanier, édition Peuples du Monde, chapitre VI « Rahu le faiseur d'éclipsés ».

(4)  Bande du ciel d'environ 24 degrés où le soleil semble se déplacer au cours de l'année. Ce mouvement n'est que l'image inversée du déplacement de la terre dans son cycle annuel autour du soleil. Cette trajectoire de la terre est appelée édiptique. Le zodiaque lunaire est la bande du ciel où l'on voit la lune se déplacer au cours de son cycle mensuel.

(5)  Voir  Les éclipses, mythes et symboles chapitre I

(6)   L'aigle représentait parfois ce signe dans la tradition ancienne de l'Egypte. C'est lui qui est présent dans le tétramorphe de l'apocalypse et dans le sphinx qui synthétise les 4 signes fixes : lion, taureau, scorpion (aigle) et verseau (l'homme).

(7)  Le scorpion symbolise la transmutation des poisons mortels en énergie spirituelle. Shiva sous la forme de Nila Kanta (Gorge Bleue) est celui qui absorbe le poison halahala pour sauver les êtres. Le dard du scorpion peut être assimilé au trident de Shiva.

(8)  On symbolise parfois Purusha par un taureau et Prakriti par une vache. Dans la Bhagavad-Gîtâ, Krishna, un des avatars de Vishnu subjugue toutes les gopies (vachères) par le charme de sa flûte.

 

auteur Khristophe Lanier

avec l'aimable autorisation de la Revue Infos Yoga



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