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Si vous allez, pendant la premiere semaine de janvier dans le sud de l'Inde, ne manquez surtout pas le festival de Pondichery. Dans ce minuscule ex-comptoir français, sur la côte sud-est, chaque année le gouvernement organise un festival international de yoga.  C'est unique ! Le Docteur Swami Gitananda Giri est à l'origine de cette manifestation qui a lieu chaque année depuis 1993.

Gitanada Giri (1907-1993) est né d'une mère irlandaise convertie à l'hindhouisme par le mouvement Samaj et d'un père indien, avocat à la cour de Patna. Il fit ses études de médecine en Angleterre. Médecin dans la marine britannique durant la guerre, il émigre à Vancouver avant de retourner définitivement en Inde en 1967 et d'établir son ashram à Pondichéry. Son yoga est une fusion de yoga classique de Pantanjali qu'il a appris de son maître Swami Kanakananda Brighu (Bengale) et du Siddha yoga du sud de l'inde qu'il a appris de Sri Kambali Gnanananda  Swamigal (Pondichéry). Il a des milliers de pratiquants dans le monde. Il publia une revue de yoga en anglais et créa le festival international de yoga de Pondichéry.

Le festival de Yoga se déroule dans le palais Subralakshmi, au programme : conférences, ateliers et compétitions de yoga ! Les compétitions (qui a dit en yoga pas de compétitions !) sont franchement étonnantes. Elles se déroulent en deux temps : un examen sur la théorie du yoga avec 25 questions sur des sujets aussi divers que les neuf obstacles au yoga sadhana (et comment les vaincre) et les bienfaits de tel asana specifique, puis une demonstration ou le candidat doit prouver sa maîtrise de trois asana tirés d'une liste de neuf choisis par les juges, enfin il doit exécuter deux autres asana de son choix. Les candidats sont classés par âge, 10 a 15 ans, 16 a 20 ans, 21 a 35 ans et 36 a 50 ans. Les plus de 50 ans on l'avantage  de pouvoir choisir librement les asana qu'ils vont exécuter.

Cette année, la doyenne était une dame de 93ans ! La fête a commencé au soir du premier jeudi de janvier avec l'inauguration faite par le premier ministre de Pondichery, suivi d'un concert et d'une "démonstration d'excellence du yoga". Le concert était excellent, AKC Natarajan a joué du shenai accompagné par neuf autres musiciens (dont deux dont je n'ai toujours pas compris pourquoi ils etaient présent, vu qu'ils n'ont rien fait !) La démonstration de yoga était étonnante, Sri Bal Mukund Singh (55ans) de New Delhi se pliait en mille tout en souriant, et ses postures impossibles donnaient déja une idée des postures des compétitions du lendemain.

Les discours des différents dignitaires ont heureusement été courts (le premier ministre étant très en retard). Les deux soirs suivants aussi, il y eut des démonstrations, des concerts et de la danse Bharat Natyain tous les soirs. La danse executée par les jeunes étudiants de l'école de Yoganjali Natyalyam de Pondichéry, fut un pur délice. Les concerts se deroulèrent en plein air, il y eut foule. Les trois journées du festival commençaient des 6h du matin face à la mer, avec des séances gratuites de yoga enseignées par Vogacharini Meenakshi Devi Bhavanani, la veuve du Dr. Swami Gitananda Gin.

L'assistance était importante, il y avait des touristes étrangers, mais aussi les habitants de Pondicherry qui pratiquaient avant de partir travailler, des écoliers, et même une femme et son flls de 4 ans (très attentif). Le soleil se levait à travers la brume sur la mer et éclairait la statue de Gandhi qui marche éternellement droit sur nous. Cetait beau et vivifiant. Nous partions, alors, au Subralakshmi Mahal pour prendre un délicieux petit déjeuner 100% vegetarien et très bien équilibré. Les repas et les" tiffins" étaient sublimes!

Ensuite il y eut les premiers discours. J'étais invitée à faire l'ouverture avec une conférence sur les yama et niyam. Imaginez mon trac devant un public indien composé, entre autres, de spécialistes du yoga. Mais l'épreuve s'est bien passée, le micro n'a pas grincé, et si je tremblais comme une feuille cela ne s'est pas vu, plusieurs personnes sont venues me féliciter après. Ouf ! Il y eut d'autres conférences sur la méditation, sur la yoga thérapie, un atelier au sujet de pranâyama, et une séance sur les sujets les plus divers comme l'obésité chez l'homme ! Bien sûr à la manière indienne, rien ne commence vraiment à l'heure, et parfois l'organisation laissait à désirer, mais globalement c'était passionnant et agréable. Entre les discours, je courrais assister aux compétitions, j'ai vu des gens qui se pliaient, se dépliaient et se repliaient dans des postures qui ne sont jamais enseignées hors de l'Inde. Cela rappelait les contorsionnistes de cirques mais ce n'était pas que cela !

J'ai consulté la liste des questions théoriques posées. Connaissez-vous chaturvidba purusbarth, ou Vupa pranavaya ? Pouvez-vous citer les chitta bhumi ? Peu de "yogis" occidentaux pourraient répondre ! La fête se termina ie dimanche 7 janvier avec les dernières compétitions, la sélection des "Champions de la Fête" et la distribution des prix.  Tous les compétiteurs applaudissaient joyeusement les vainqueurs (il n'y avait pas d'applaudissement faibles et envieux), puis tous sont rentrés chez eux, aux quatre coins du sous-continent, fatigués mais heureux et tellement souples !
Les délégués empochaient leurs badges d'identité, leurs discours et leurs châles (offerts en signe d'honneur). Les stands de cassettes, dvds, livres, posters et cetera disparaissaient, et le Subralakshmi Mahal est redevenu un lieu où se deroule surtout les mariages. Plus de yoga, jusqu'à l'année prochaine.

(Auteur : Janita avec l'aimable accord d'Infos-Yoga)