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Yama - Niyama (3eme Partie) 15/01/2009

Voici les deux dernières "règles de vie" personnelles
proposées par Patanjali

 

Svadhyâya : Réflexion profonde sur soi-même.
Etude de soi - Apprendre à se connaître soi-même,

Svâ : soi.
Dhyâ : méditer, réfléchir, contempler.

Svadhyâya, c'est observer, s'interroger en permanence, s'ouvrir à la connaissance de ce que nous sommes, c'est l'étude de ce que nous sommes.

Par extension, on trouvera aussi : Etude des textes. Les textes et les propos des sages génèrent une compréhension de ce que nous sommes, mais par l'extérieur et pas de l'intérieur. Ils doivent venir étayer et enrichir une expérience. Il va nous falloir tout d'abord nous confronter en priorité à nous-mêmes. La discipline du yoga nous engage à refuser tout dogme à priori pouvant figer notre pensée. Mais, par contre, elle nous engage à cultiver le discemement, la discrimination (Viveka), le raisonnement juste (Pramana), l'investigation, l'examen mental (Vichara), l'analyse, le raisonnemen (Vitarka), et bien sûr la méditation (Dhyâna) qui, bien que n'étant plus de même nature, sera l'ultime efflorescence de la recherche intérieure.

 

Notre pratique doit passer par l'observation et la compréhension de tous nos paramètres. Nous devons entretenir en permanence la vigilance, cultiver l'observation, le ressenti. Chacun de nous a sa spécificité. Même si le yoga est bon pour tous, tout n'est pas bon de la même façon pour tout le monde. C'est pour cela qu'existent de multiples approches d'une même posture, et que la durée de tenue doit être gérée de façon très attentive et intelligente (Ahimsa, ne pas nuire). La multiplicité des postures nous met face à de multiples mises en « formes » physiques  qui ont tout autant de resonances intérieures (psychologiques, émotionnelles, affectives...)  liées à notre histoire. A nous de les percevoir et d'en décrypter le sens. Leur compréhension va nous permettre d'en faire notre miel, ou de les digérer et de les évacuer, car la posture est à la fois le diagnostic et le soin.

 

La connaissance de soi permet le lien total avec la divinité de son choix. (II, 44) Celui qui a parfaitement établi son intériorité consciente, va trouver la façon qui lui convient le mieux de se relier à la Source. Nous sommes tous differents, même si notre but est celui du dévoilement et de l'union avec notre source profonde, avec la Vie. Certains auront besoin de s'appuyer sur un nom et une forme particulière pour trouver une force, une confiance et une paix lumineuse que d'autres trouveront peut-être par d'autres chemins.
L'Un va se manifester sous une infinité de formes, de modalités. Tous les dieux imaginés par l'homme correspondent à des forces de la nature, à des énergies et des qualités particulières, multiples expressions d'une plénitude unique. Chacun peut trouver, s'il le desire, un appui spirituel dans tel ou tel aspect.  Car l'Ishta Devata va concrétiser un ou plusieurs aspects de notre intériorité avec lesquels nous sommes en affinité et dont nous désirons développer tout particulièrement les qualités. C'est aussi être relié à un idéal. L'Ishta Devata, la divinité de son choix, c'est, comme le traduit Claude Marechal, « communier avec son propre chemin de lumière ». Mais, et cela peut sembler à priori curieux, pour Patanjali, la nécessité de l'étude, de la compréhension, de la connaissance de ce que nous sommes est préalable.  Etablir la fusion avec des qualités absolues va nécessiter une présence lucide a soi-même absolue. Pas de cécité, pas de méconnaissance volontaire. Nous devons être dans l'honnêteté de ne pas ignorer toutes nos composantes et tous nos conditiormements (Samskara), tout ce qui  est source de perturbation et qui fait obstacle à la clairvoyance. Cela nous évitera de plonger dans une dévotion superstitieuse ou de cultiver la sensiblerie d'une religiosité superflue. L'intellect est un formidable outil. Svâdhyâya, nous dit Christiane Berthelet-Lorelle, c'est « l'obstination d'une compréhension. La psycbanalyse et la philosophie sont ses ouvertures ».

Svâdhyâya va nous mener aux portes du transcendant, de façon incontoumable. Mais, comme les arbres, plus on va vouloir monter haut, plus il va falloir s'enraciner profond. Autrement nous ne serions que mensonge et illusion. Ensuite, tout est question de choix.

 

 

 

 

Îshvara Pranidhâna
Traduire Ishvara Pranidhâna demande quelque analyse.
Pranidhâna : s'installer avec intensité à l'intérieur ou bien : s'établir, en un mouvement d'expansion, à l'intérieur.
Pra : mouvement vers l'avant, début - qui engendre, intensité.
Ni : à l'interieur.
Dha : placer - installer dans - établir. A l'intérieur de quoi ? d'Îshvara.
Îshvara est la notion impersonnelle de la transcendance, un principe de perfection, un espace inconnu, qui peut être appelé Dieu pour ceux qui ont le goût de la dévotion.  La notion   d'Îshvara nous permet d'entrer dans   une dimension intérieure élargie. Il représente l'accomplissement ultime de nos possibilités, de nos potentialités. Il est l'accomplissement spirituel. « l'univers est son seul autel, l'existence son seul culte » (Aurobindo). Il n'est pas le dieu d'une religion, même si la plupart des traducteurs le traduisent par Dieu. II est l'ultime floraison de notre conscience, la perfection d'être. Ce qui l'exprime c'est le Pnanava, le son OM (1,27,28). On pourrait traduire Ishvara Pranidhâna par :
s'établir, en mouvement d'expansion, dans un principe de perfection, dans la dimension de la transcendance. S'installer avec intensité dans un espace inconnu, une conscience cosmique. Ou bien, tout simplement comme disait Gérard Blitz, « laisser de la place pour autre chose ».

 

Yoga c'est aller là ou je ne suis jamais allé, arriver là ou je ne suis jamais arrivé, savoir ce que j'ignore, avoir la clarté qui me manque. Pour moi, toutes ces choses réunies représentent Dieu, quoi qu'il soit. (Deshikachar). En même temps (que nous sommes dans une exigence de clarté, de netteté, dans l'ardeur et l'intensité autant que dans la  sérénité, dans la recherche de compréhension de connaissance de soi, nous devons installer un Ne-Pas-Faire total, nous installer dans une dimension autre, infinie.

 

La pratique du yoga, avec les multiples facettes des postures. est un microcosme des multiples facettes de ce que nous sommes. La perception et la connaissance de ce que nous sommes va s'etablir, strates apres strates, du plus dense au plus subtil,  en mettant en place tout d'abord l'outil des diverses techniques, puis l'ouverture à des qualités plus intérieures  (vigilance, intensité, contentement, observation des resonances...), pour enfin tout lâcher, tout ouvrir, tout déposer. Sans quitter l'ancrage postural, vivre l'expansion absolue, sans frontières. Nous trouvons les premisses d'Ishvara Pranidhâna dans le premier chapitre, avec la notion de Vairâghya, le non-attachement (I, 12).

 

Rien ne peut aller plus loin sans cette possibilite d'ouverture qui fait partie de nos composantes, mais vis a vis de laquelle, pour diverses raisons, nous faisons souvent l'impasse. Nous retrouvons la notion d'Asteya (le non-vol).  Ne nous dérobons pas à nous-mêmes ce tresor dont nous avons volontairement caché la clef, ouvrons-nous à cette dimension de transcendance. L'état de Pleine Conscience (Samâdi) et les possibilités élargies (Siddhi) s'obtiennent grâce à Îshvara Pranidhâna (II, 44) S'abandonner au transcendant, c'est ne pas rester toujours sur la même rive. Et là, nécessairement, la pensée discursive va s'arrêter. Le silence et l'espace vont pénetrer un mental apaisé et nettoyé pour le transformer en lumière, en rayonnement de pur témoin. C'est Samâdhi. Alors, en un libre déploiement, habitant le monde, nous serons totalité de conscience, nous serons nous-mêmes. Lacher tout ce qui est de l'ordre de l'ordinaire pour s'établir dans ce mouvement d'expansion vers le transcendant, va, en un premier temps, libérer le « non-ordinaire », toutes ces potentialités qui, à divers degrés, font partie de nos composantes. Là se trouvera l'ultime obstacle, le Rudra Granthi, le noeud le plus puissant, car les Siddhi, en renforçant l'ego, vont etablir de nouveaux conditionnements pour la conscience. Alors, le dévoilement de notre liberté, favorise par Îshvara Pranidhâna, peut devenir une chape de plomb. Patanjali y consacrera le chapitre suivant.

 

Nous voilà, à présent, arrivés au bout de ces règles de vie, préalables absolus à notre vivre en yoga, et à notre vivre en tant qu'hommes de conscience et de liberté. Après ce regard point par point, nous aborderons, dans un prochain numéro, une analyse d'ensemble des Yama et Niyama.

 

(Auteur : article de Marguerite Aflallo avec l'aimable autorisation d'Infos-yoga)

 



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